BRIQUE DES VILLES

Faire renaître la brique pour un hôtel particulier.

Ce terrain en dent creuse représentait un véritable défi en tant qu’architecte. Il était aussi un enjeu pour le secteur sauvegardé car il représentait un des derniers terrains libres du cœur de ville.

Ce projet vient s’inscrire dans un centre ancien fort d’une histoire architecturale riche qui semble se dérouler tout le long de la rue Jeanne d’Arc, de la Porte du Castillet aux constructions Art Déco. En effet, la rue Jeanne d’Arc est située sur le lit des anciens remparts démolis entre 1910 et 1930, son architecture est donc marquée par les architectes du début du 20ème siècle qui s’y sont exprimés dans des styles très variés (Claudius Trenet, Mas Chancel, Henry Sicart, Alfred Joffre et Raoul Castan). L’idée était de réinterpréter les codes de l’Art Déco et des matériaux locaux dans une architecture contemporaine.

Cette réalisation s’inscrit dans une histoire des matériaux et de l’architecture locale comme un hommage mais surtout comme une œuvre unique.

Maison de ville sur trois niveaux, la construction s’organise autour d’un vide central occupé par l’escalier et surmonté d’une grande verrière. La façade principale n’est pas un simple assemblage de matériaux mais elle laisse transparaitre la composition intérieure, elle est intrinsèquement liée au fonctionnement de la maison. Définit comme « organique » par Franck Lloyd Wright, le lien entre la deuxième peau de l’architecture et son contexte fait d’un bâtiment et de son environnement une composition unifiée.

Dans ce projet, la technique utilisée pour les murs extérieurs est appelée « mur manteau », c’est à dire un double mur dont la partie centrale est occupée par une lame d’isolant et une lame d’air permettant une isolation très performante. Il y a une recherche d’équilibre des proportions qui représentait un véritable défi pour une maison individuelle dont la proportion et le gabarit rappellent plutôt celui d’un immeuble.

La teinte de la brique choisie est celle de la brique locale qui est rouge-rosée et le choix du béton matricé au rez-de-chaussée a été dicté par la volonté de protéger le sous-bassement des dégradations liées à la rue mais aussi en référence aux pieds de façades des immeubles de caractère, traditionnellement réalisés en pierre ou en relief. Nous sommes dans le registre de l’hôtel particulier avec ses ornements, ses détails mais sans artifices. Les ferronneries de la grande verrière reprennent volontairement les codes des ferronneries « art moderne » et leur dessin vient bousculer la façade et accompagner le grand vide de la verrière. Le vitrage sablé a été choisi pour préserver l’intimité de la maison tout en profitant de la lumière.

L’emprise du bâtiment en profondeur est assez faible, permettant de regagner le cœur de l’îlot. De ce fait, côté jardin, c’est un véritable havre de paix, à l’abri des nuisances de la rue. Protégé de ce « rempart » de briques, on n’y distingue que légèrement les bruits de la ville. Ceinturé de hauts murs anciens et largement planté, la nature y prospère à l’abri du vent.

L’objectif de cette rénovation a été de redonner sa place, par un traitement de qualité de la façade principale, la mise en valeur de l’enseigne et l’installation d’une œuvre d’art originale sur les murs du hall d’entrée, en hommage aux faïences de Jean Lurçat.

Ce bâtiment a été sélectionné pour le Prix de l’Architecture du Languedoc-Roussillon en 2016.